❝somewhere over the rainbow ❞
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aloysia&dilan

Quand je me levai ce matin-là, un arc-en-ciel était né dans le ciel. Un sourire est apparu sur mon visage. Heureux. Ce n'était qu'un phénomène naturel, un malheureux phénomène naturel qui n'expliquait pas toutes les légendes dont il avait été le sujet. Une malheureuse rencontre de la pluie et du soleil parvenait à faire fondre mon cœur de glace. Je n'étais pas si insensible que ça mais mon égoïsme dépassait de loin la normale. Jusqu'où avais été-je prête à aller pour protéger les gens que j'aimais d'une menace injustifiée. Jusqu'où avais été-je pour me protéger moi ? L'arc-en-ciel me fascinait, je ne pouvais détourner les yeux de sa mystérieuse beauté. Était-ce cela qui justifiaient tous les mythes autour de l'arc-en-ciel ? Peut-être que c'était ce qui me faisait rêver ? Ce pont, ce chemin mystique qui m'aurait conduit vers un monde meilleur. Après tout, les grecs ne pensaient-ils pas qu'il s'agissait d'un passage entre le ciel et la terre ? Je me moquais de l'or du leprechaun mais s'il avait pu me faire don de sa chance, je lui en aurais été infiniment reconnaissante. La plupart des gens m'estimait chanceuse parce que j'étais jolie et que les gens se sentaient naturellement bien avec moi. Ces gens-là n'avaient pas la moindre idée des sacrifices que j'avais fait pour cette popularité qui leur paraissait naturelle. Ils s'imaginaient que j'étais réellement aussi gentille et adorable que je le prétendais. Ils se trompaient. Je n'étais pas gentille. Et encore moins adorable. Je savais juste influencer les gens et les utiliser à mon avantage. Mais ça, peu de gens le savaient. Dilan l'ignorait. Même mon meilleur ami n'était pas capable de dire à quel point je pouvais être méchante. Je n'étais qu'une hypocrite. Et pourtant je ne pouvais pas arrêter de mentir pour une raison évidente. Qui aurait voulu être ami avec quelqu'un comme moi s'il avait su qui j'étais vraiment ? Certainement pas Dilan. Comment aurait-il pu ? Il était mon meilleur ami et pourtant, il ignorait tout de moi. J'aurais voulu lui dire à quel point il se trompait sur moi. Tout lui avouer. J'aurais voulu qu'il me regarde vider mon sac et qu'il me prenne dans ses bras en me disant qu'il m'aimait sincèrement telle que j'étais. Peu importe ce que j'avais pu faire. Cependant, ça ne pourrait se passer ainsi. J'en avais eu la preuve avec Nevan. Dès qu'il avait su, qu'il avait eu ne serait-ce qu'un aperçu de mon véritable caractère, il avait fui. Ou plutôt, il m'avait fait fuir. Étais-je donc si lâche ? Mon cœur me répondait que oui.

Je suis arrivée au lac seulement un quart d'heure plus tard. Je n'avais pas pris la peine de me maquiller et mes cheveux étaient simplement relevés en un chignon las. Le vent faisait voler le tee-shirt à effigie d'AC/DC trois fois trop grand qui me servait de robe. Il était trop tôt pour les gens aient déjà envahi cet endroit. Ce que j'aimais avec ce lac, c'est que j'étais certaine d'être tranquille. Je venais ici pour réfléchir et pour rêver, quand j'avais besoin de m'isoler et de ne plus voir personne. Je me suis assise sur le ponton, au bord du lac. J'ai ôté mes tropéziennes pour laisser mes jambes barboter dans l'eau. En face de moi, brillait toujours l'arc-en-ciel. J'ai entendu des pas qui s'arrêtaient derrière moi et un sourire a éclairé mon visage. Je savais parfaitement de qu'il s'agissait.

« Diiiiiiiiiiiiilaaaaan ! » « Gueule pas, putain, Cherry. » grimaçant, je passais ma main dans mes cheveux et titubais à travers le couloir de mon studio. Je ne comprenais pas pourquoi alors que j’étais alcoolisé, ce couloir donnait l’impression d’être interminable. Je rejoignais donc ma chambre où deux bombes sexuelles m’attendaient prodigieusement allongé sur mon lit. Je ne me sentais pas vraiment euphorique mais le sexe était devenu mon moyen pour oublier qu’Eliaz m’avait annoncé qu’Holly était en ville. Mon meilleur ami était au courant de l’arrivée de ma sœur et moi pas. Les deux ravissantes jeunes femmes m’offraient un splendide spectacle et des préliminaires comme jamais je n’en avait connu. Mais l’acte en lui-même, rien de vraiment mémorable. Finalement, bourré ou non, je n’arrivais pas à me sortir Holly de la tête.

Le plus dur après les fêtes, c’était le lendemain. Se lever, dans le brouillard, parfois même dans un endroit inconnu. Cette fois-ci, j’avais fait en sorte de virer tout le monde de mon studio avant d’aller me coucher, histoire de n’avoir aucune surprise au levé. Je me suis couché aux alentours de sept heures du matin, l’alcool avait disparu de mes veines et les fumées de chicha s’étaient dissipées. La seule personne à laquelle je pensais, c’était Holly, elle m’occupait, me hantait, et m’empêchait surtout de trouver le sommeil. N’étant pas d’un naturel patient, je ne mis pas longtemps à me lever et à décider de ranger le studio. Les dégâts matériels d’une nuit de fête était considérables. Des tones de bouteille, vide bien entendu, du vomit, de la cendre de cigarette et un homme, inconnu comatant en plein milieu de la cuisine.

« T’es qui en fait ? » « T’es chez moi espèce de con, je te retourne la question. » « C’est.. Elraz je crois qui m’a dit de venir. » « Elraz ? Eliaz plutôt, non ? » « Ouais j’sais pas, un nom comme ça. » « Bon, maintenant tu dégages, il est 8h, on m’attend. » Sans plus attendre je mettais le jeune homme à la porte et partit prendre une douche. J’avais prévu de voir Aloysia ce matin, et comme à chaque fois, je savais où la trouver. Je sortis, habillé d’un jean et d’un pull. Plutôt décontracté mais je n’avais pas besoin de plus pour voir ma meilleure amie, dans un endroit désert sans personne autour.

Je marchais silencieusement sur le ponton puis me glissa lentement contre elle en la prenant entre mes jambes. J’aimais ce contact entre elle et moi. Il n’y avait rien d’ambigu, je déposais mes mains sur son ventre plat et mon visage dans son cou. Je murmurais alors en changeant un peu ma voix. « Devine qui s’est. »

Il voulait peut-être me surprendre mais n'y étais jamais parvenu jusqu'à maintenant. Je connaissais Dilan par cœur, et même en ayant perdu l'utilisation de tous mes sens, je pense que mon cœur aurait été capable de le reconnaître. Dilan n'était pas une de ces amitiés bidons que j'entretenais simplement pour me sentir entourée. Je l'appréciais réellement. J'écoutais ce qu'il me disait, je ne faisais pas semblant avec lui. Toujours silencieux, il s'installa de sorte que je sois entre ses jambes, entoura mon ventre de ses bras et enfoui son visage dans mon cou. Notre relation était ainsi. Il avait toujours été très tactile avec moi, peut-être parce que nous avions été ensemble pendant une petite semaine ? Mais si notre histoire n'avait pas marché, nous nous étions pourtant bien trouvés puisque nous ne nous sommes plus quittés. Il était devenu mon meilleur ami, la personne la plus proche de moi, plus proche encore que ne l'était Mal. Et quoi que je puisse en dire, je l'aimais profondément. Mais cet amour que nous nous témoignions respectivement était-il suffisamment fort pour survivre à tout ? « Devine qui c’est. » Sa voix me sortit de mes lugubres pensées. S'il espérait qu'une brève modification parvienne à me tromper, il avait tort. Bien sur, il savait en vérité que je le reconnaîtrais sans la moindre hésitation. J'ai souri mais n'ai pas bougé. « Je me le demande vraiment. » J'ai posé ma main sur mon menton dans une attitude faussement réfléchie. « Désolé mais là, je ne vois vraiment pas. Tu ne serais pas une sorte de stalker quand même ? » Je suis restée sérieuse et immobile pendant quelques minutes avant d'éclater de rire sans pouvoir m'en empêcher. C'était une des étranges conséquences de la présence de Dilan. Avec lui, j'étais naturellement heureuse, je n'avais pas besoin de me forcer. Pourquoi parvenait-il à me faire rire sans le moindre effort alors que certains avaient essayé beaucoup plus ardemment ? Je n'en avais pas la moindre idée et parfois, je tentais d'en trouver la raison sans toutefois y parvenir. Qu'avait Dilan de si spécial par rapport au reste du monde ? A force de chercher sans rien trouver, j'en étais arrivée à la conclusion qu'il n'était pas spécial mais que c'était moi qui réagissais de manière spéciale à sa présence. Après tout, il n'était pas mon meilleur ami pour rien. « Bonjour Dilan. » ai-je finalement dit avant de me tourner vers lui. J'ai observé son visage fatigué, les cernes sans doute dues à la soirée de la veille qui s'étendaient sous ses beaux yeux. « Alors comme ça, tu as fait la fête sans moi. » lui fis-je remarquer, faussement boudeuse. Je n'avais pas besoin de Dilan pour faire la fête et il le savait aussi bien que moi. J'ai laissé mon regard dériver vers la surface paisible du lac et j'ai observé l'arc-en-ciel s'effacer lentement. Je me suis alors sentie infiniment et inexplicablement triste, peut-être parce qu'il ne restait plus rien de lui ? Plus aucune trace pour indiquer qu'il y a encore quelques minutes, il était là. La beauté de l'arc-en-ciel est éphémère. Tout comme la mienne. Je vieillirais, ma beauté se fanerait, tout comme toutes ces relations inutiles que j'avais tissées. Mais mon amitié avec Dilan était une des choses que je voulais garder. « Dis-moi Dilan, tu vas bien ? Je suis bien placée pour savoir que les fêtes ça fatigue mais tu n'as vraiment pas bonne mine. Il s'est passé quelque chose ? » Je voulais réellement avoir une réponse. Ce n'était pas comme avec tous les autres, je voulais avoir la certitude que Dilan allait bien et qu'il irait bien quoi qu'il arrive.

Peut-être que l'amour, c'est passer dans des dizaines de bras, respirer des dizaines d'odeurs, passer ses mains dans des cheveux blonds, bruns, roux. Regarder au fond d'yeux bleus, verts, chocolat, noirs, froids, rieurs, distants, étonnés. Passer ses bras autour de tailles rondes, osseuses, moelleuses, râpeuses. Embrasser des lèvres douces, pulpeuses, fines, bavardes, taiseuses. Enlever un T-shirt rose, un jean large, des converses. Observer un sourire moqueur, heureux, idiot, calculateur. Connaître des dizaines de rires différents, de mimiques, de manies, de mains, de baisers, de défauts. Puis peut-être que non. Peut-être qu'on s'amuse, jusqu'à ce qu'on tombe sur quelqu'un, qu'on lui trébuche dessus et que ce quelqu'un, cet "obstacle", devienne bien plus qu'une dalle mal fixée, jusqu'à ce que cet obstacle devienne notre oxygène, notre nécessité. Aloysia et moi, ce n’était pas de l’amour comme dans un couple, je l’aimais comme une sœur jumelle, mon idéal féminin, on se complétait. J’aimais la prendre dans mes bras, la couvrir de baiser. Rien d’ambigu, et pourtant, il y avait de quoi puisqu’en plus d’être ma meilleure amie elle était mon ex copine. J’étais un mec tactile, être contre elle, dans une position où les passants croiront que nous sommes en couple, me plaisait. « Devine qui c’est. » Je la sentis un peu plus présente tandis qu’elle réfléchissait. J’avais beau modifier ma voix, je restais le seul à la prendre ainsi dans mes bras, ou du moins, j’avais envie de croire que c’était le cas. « Je me le demande vraiment. » J’eu un léger doute sur si le fait qu’elle sache ou non qui cela pouvait être. « Désolé mais là, je ne vois vraiment pas. Tu ne serais pas une sorte de stalker quand même ? » Puis je fus déçut. Retirant mes bras de son ventre, je m’allongeai sur le dos et recouvrit mes yeux de mes mains en soupirant. J’essayais de me dire qu’elle l’avait fait exprès puis elle se mit à rigoler. J’esquissai un sourire. « Bonjour Dilan. » Je retirais mes mains tandis qu’elle se tournait vers moi. J’étais complètement fatigué et les cernes pouvaient en témoigner. « Alors comme ça, tu as fait la fête sans moi. » Je gardais mon sourire débile et me redressa à la force de mes abdominaux. « Sois pas jalouse, tu sais très bien que si t’avais été présente, je t’aurais mise dans mon lit. Et j’ai pas besoin d’alcool pour coucher avec toi. » Je lui fis un clin d’œil avant de glisser mes mains sous son haut. J’aimais la tenter, voir si elle était capable de me sauter dessus, jusqu’où elle irait avec moi vu que je n’avais aucune limite avec elle. « Dis-moi Dilan, tu vas bien ? Je suis bien placée pour savoir que les fêtes ça fatigue mais tu n'as vraiment pas bonne mine. Il s'est passé quelque chose ? » A la soirée ? Non, je m’étais fait deux filles, rien d’inhabituelle. Dans ma vie, en ce moment ? J’apprends que ma sœur est ici mais n’est toujours pas venu me voir. Tout ça pour dire : « Oui je vais bien, et toi ma puce ? » Affection, simple marque d’affection. Je caressai de mes doigts fin son ventre plat et en l’embrassant dans le cou. J’étais si bien dans ses bras que j’oubliais le temps, j’oubliais où j’étais et que je haïssais le manque de ma petite sœur. « J’ai faim … » C’était hors sujet, spontané. Une constatation comme une autre. Je n’avais pas envie de parler d’Holly, c’était un sujet bien difficile à aborder.