Bon, eh bien puisqu'il faut se présenter... *toussote* je me nomme Calhoun Gallagher, mais tu peux m'appeler Cal'. J'ai fêté mes 29 ans il y a bientôt 1 an, et j'affronte le passage à la trentaine avec sérénité; Si si. Chose étrange, je suis né un 14 Février. Pourquoi étrange? Parce que c'est le jour des amoureux et que moi, l'amour... Enfin bref, je suis né ici mais mes racines sont irlandaises, et j'ai toujours voulu aller voir l'Irlande pour découvrir d'où pouvaient bien venir mes loufoques de grands parents. C'est eux qui sont venu ouvrir un pub ici. Mes parents s'en sont occupés par la suite, et aujourd'hui, c'est à moi que revient la gestion de l'établissement. J'aime mon métier, j'aime ma ville, et j'aime être célibataire ! La vie est belle quoi ...

๑ A p r i l ๑

Ca commence toujours comme ça; on pense que ça n'arrive qu'aux autres, que ça ne peut pas nous arriver. Surtout pas à moi qui ne crois pas vraiment au hasard ni au destin. Pourtant, lorsque je l'ai vu entrer pour la première fois dans mon pub avec ces grands yeux tristes, j'ai eu l'étrange sensation qu'elle n'avait pas poussé ma porte par hasard. C'est cette impression stupide qui m'a fait répondre oui lorsqu'elle m'a demandé si j'avais besoin d'une serveuse. Beaucoup ont pensé que je l'avais embauché parce que j'avais éprouvé de la pitié à son égard, pitié d'elle, de l'enfant qu'elle tenait dans ses bras, pitié de son air perdu... J'aurais pu, mais ce n'est pas ça qui m'a poussé à l'aider. Elle semblait venir de nul part et je mentirais si je disais que je n'avais pas eu envie, à ce moment là, de découvrir ce que cachait le désespoir palpable dans sa voix. Elle était tout le contraire du genre de fille susceptible de me plaire; lointaine, renfermée, craintive, agressive et elle me rappelait ces petits chiens qu'on attache à des poteaux, le temps d'aller s'acheter un paquet de clope. Le genre de chien qui aboie fort, mais qui sait pertinemment qu'il n'a pas la taille nécessaire pour faire peur aux gros chiens. April, elle aboie fort. Tout le temps même. Elle râle, elle se renfrogne, n'est jamais contente. Je crois que c'est ça qui m'a plu. Et si les clients trouvent ça marrant que je l'appelle "princesse", moi je trouve que ça lui va bien. Je n'oserais jamais la brusquer, parce que bizarrement même si je ne la connais pas tant que ça, je sens qu'un lourd passé pèse sur ses p'tites épaules, et elle n'a pas besoin d'un bourreau pour la juger. Elle a besoin de temps. Bah... de toute façon la psychologie féminine ça n'a jamais été mon fort, alors seul le temps nous dira si j'avais raison. Mais une chose est sûre, elle m'aura sur le dos tant qu'elle n'aura pas une situation stable. Parole de Cal' !

๑ A i d a n ๑

« J'ai toujours eu la sensation que les enfants, c'est comme des petits animaux de compagnie. » Je sais je sais mesdames, frappez-moi d'avoir dis une telle atrocité! Il y a quelques mois encore, c'est une phrase que j'aurais pu dire au détour d'une bière et d'un accord de guitare. Parce que les enfants représentaient, à mes yeux, l'engagement. Et m'engager avec une femme, c'était hors de question. Aujourd'hui, depuis que je connais Aidan, je dirais que les enfants, c'est comme des potes un peu bourrés; il sourit quand tu souris, il pleure quand il va pas bien, il baragouine des trucs incompréhensibles et il bave souvent. Aidan, c'est un peu mon meilleur pote du coup. Le truc bien avec lui, c'est qu'il n'est pas contrariant, et qu'il ne part pas dans des conversations inutiles. J'avais beau détester les gosses, celui-là, je l'aime bien. En fait, je l'adore. Sa bouille provoque en moi des élans d'affection dont je ne me soupçonnais pas capable, et il n'est pas rare de me croiser à la fermeture du bar, le petit sur mes genoux en train de tremper son doigts dans le sirop de kiwi de sa mère, tandis que celle-ci termine de nettoyer les tables.

๑ l e . G a l l a g h e r ' s ๑

C'est simple. Ce bar, c'est ma vie. Lorsque je me lève le matin, je suis heureux de descendre les quelques marches qui me mène à lui. J'adore ça, le matin. Aucun client, aucun bruit, où seulement celui du vieux gramophone que j'aime allumer pour écouter les vieux disques laissés par mes grands parents. Le Gallagher's ne devait pas me revenir pourtant. Il appartenait à mes grand parents, puis à mes parents, et il devait revenir à mon frère aîné. Cependant, il a refusé, trop épris de liberté et de voyages pour "s'enfermer dans une routine". Moi, je l'aime ma routine, et au final, ce n'est pas vraiment une routine. Je ne sais jamais qui va franchir le seul de la porte, et April en est la preuve vivante. Mon bar, c'est un peu la seule fierté que je possède.

๑ l a . m u s i q u e ๑

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